Ernst Barlach : Sculpture 'Frierendes Mädchen' (1916), réduction en bronze
La sculpture d'Ernst Barlach marque le début d'un changement de style décisif dans son œuvre, que l'artiste affinera et maintiendra continuellement jusqu'à sa mort en 1938. Elle constitue en outre un document contemporain important sur le déclin des systèmes dominants. Après un bref engagement en 1915/16 en tant que soldat, Barlach est traumatisé, orienté vers la recherche religieuse. Les thèmes de la guerre et des combats tournent et fermentent dans sa conscience. Mais ses figures expressives deviennent de plus en plus fermées à l'extérieur. Tout ce qui est ornemental et décoratif est éliminé. Les accents sculpturaux sont limités au strict nécessaire. Les lignes parfois vives du vêtement, comme dans le 'promeneur' de 1912, se mettent au service de la mise en évidence d'un sentiment intérieur, même dans la représentation du visage et des mains. La sculpture devient le support d'expression de la conscience, d'une force et d'une puissance convaincantes. La jeune fille frigorifiée est un exemple remarquable de ce nouveau style percutant. La figure sort de la plinthe presque carrée, immobile comme une colonne, et s'élève selon des rythmes plastiques. Sous la cape chauffante en tissu lourd, les mains saisissent le visage par les joues. Elles le tiennent comme un bijou. Le masque facial montre certes la bouche, le nez, les yeux et les sourcils, mais semble fermé, à l'écoute de l'intérieur. Il semble qu'elle entende les tremblements dans les rouages de la structure de l'humanité sur terre derrière ses yeux fermés. L'effroi la fait frissonner. Elle a froid au cœur en pensant aux millions de personnes que la guerre et la révolution ont englouties et vont encore engloutir. On peut éventuellement lutter contre les températures négatives en se chauffant, en faisant de l'exercice, en portant des vêtements épais, si on en a. Contre le cœur froid, figé par la guerre, la solitude, l'ignorance, il est difficile de trouver un remède. L'attitude de la jeune fille chez Barlach illustre la pause, la réflexion, le recueillement, et c'est là que l'artiste est tout à fait avec les gens, avec leurs joies mais aussi avec leurs douleurs, avec leurs peurs. Dans son activité artistique, Barlach remplit sa mission humaine en offrant force et réconfort par la densité et la présence de ses œuvres. Toute son œuvre est clarté et encouragement. Il offre dans chaque œuvre le moment décisif de la pause et de la connaissance de soi'. (Dr Friedhelm Häring, ancien directeur de musée et conservateur) Sculpture en bronze fin, coulée à la cire perdue, ciselée à la main, polie et patinée. Moulé à partir de l'original et réduit (réduction). Edition limitée à 980 exemplaires, numérotés et portant la signature 'E. Barlach' ainsi que le poinçon de la fonderie et le poinçon ars mundi. Avec certificat d'authenticité et de limitation numéroté. Format env. 32,5 x 9 x 8 cm (h/l/p). Poids env. 3,1 kg. Édition exclusive ars mundi.